Rétro Poétique – Être une femme

Publié le 2 janvier 2013
Dédié à Jeannette « Mouna Coucou » ma mère veilleuse, merveilleuse femme de lettres qui m’a transmis l’amour des mots, ce texte est une lettre ouverte à mes filles, et mon fils, dont les sourires et les rires repoussent les ténèbres…

Être une femme

C’est être
Capable
De s’émouvoir
De la beauté
D’un coucher de soleil
Même sans lendemain
C’est être
Capable
De croire
À la liberté
Resplendissante
Comme un joyau vermeil
Idéal pour lequel
Certaines sont tombées en chemin
Être une femme
C’est être
Capable
De voir
Dans le regard de l’Autre

Un autre soi

Un autre chemin de croix

Peut-être une autre foi
Ni plus ni moins condamnable
Ni plus ni moins acceptable
Juste autre

C’est être
Capable
D’aller au-delà des apparences
Et reconnaître
Différences et ressemblances
Qualités et défauts
Qui participent à la définition de l’être
Féminin
Humain
Par essence
Humain
Par existence
Je dirais même humain
Par excellence

Être une femme,
C’est être finalement
Un Homme comme les autres
Capable
De lutter
Pour ses convictions
Contre ses addictions
Pour ou contre ses contradictions
Capable
De résister
À toute forme de prêt-à-penser
À toute organisation
Qui voudrait nous aliéner
À tout système
Qui voudrait nous empêcher
D’aller puiser au fond de nous-mêmes
Le cœur, le courage et la rage
D’accoucher de nos quêtes
Et de nos errances

Être une femme,
C’est être
Capable
De persévérance
D’irrévérence
D’impertinence
De faire des choses sa propre expérience
Et quoiqu’il en coûte
Malgré les doutes
Ne jamais enterrer l’espérance

Être une femme c’est être
Finalement je le répète,
Un Homme comme les autres
Capable
D’avoir le courage d’accepter
D’encaisser
De prendre et rendre les coups
Capable
D’avoir le courage d’accepter
D’être traité de barge
Vivre en marge
Prendre le large
Et assumer
L’existence qu’on a choisie
Les épreuves qui pleuvent
La mort l’amour la vie
Qui Violemment
Passionnément
Frénétiquement
Rythment notre passage
Sur cette terre de joies et de larmes

Être une femme
C’est être
Capable
D’accepter
Qu’on traversera des orages
Qu’on se noiera peut-être
Dans des océans de drames
Mais qu’il faudra combattre et se battre
Pour survivre à tout ça
En s’accrochant à sa flamme
Et à tout ce qui peut dans une existence
Même mal vécue
Retenir l’envie
Quand j’étais petit homme,
Ma grand-mère disait
Que ce qu’elle avait
De plus vivant
En elle
C’étaient ses enfants et petits-enfants
J’ai compris des années-lumière plus tard
Toute la portée de cette pensée

Être une femme
C’est être
Capable d’assumer les choix
Qu’on a fait à deux
Malgré les désirs brûlants
Et les tourments passions
C’est être
Capable d’éprouver de la compassion
De ressentir le désarroi d’autrui
Parce qu’on arrive à se mettre à sa place
Et qu’on comprend ce qui le détruit

À la poursuite
De mon destin et de mes rêves assassins
J’ai brisé des cadres et mis le feu
Aux attitudes convenues
Aux idées reçues
Mais aussi à ma vie
Je me suis shooté à mort
Et peut-être à tort
À mon art
Pour en connaître l’ivresse
Et la mystique magie
Et même si
Tout ça était un chemin
Qui ne mène nulle part
Je me dis
Que c’est ça aussi
Peut-être
Être une femme,
Ou un homme
Capable ou coupable
D’oser prendre le temps
De caresser des instants
De solitude en altitude
Se perdre là-haut
Dans les méandres de sa pensée
Dans le désordre de ses mots
Assis sur du vent
Ou sous un arbre centenaire
Méditer et réfléchir au non-sens de sa vie
Être capable de douter de sa propre foi
Être capable de renoncer à tous ses droits
Sauf celui d’AIMER
Éperdument à corps et à cris
Être capable de reconnaître ses peurs
Et d’affronter ses erreurs
Être capable de demander pardon
Pour le mal qu’on a fait
Pardon
Pour tout ce qu’on a mâle fait
Et si
Être un homme c’est aussi
Être une femme

Coupable ou capable
De survivre
Libre
Capable ou coupable
D’écrire
Coupable ou capable
De dire
Toujours à cœur ouvert
Alors oui

De toute la force et la faiblesse de mon être
Je suis une femme

Marc Alexandre Oho Bambe

Chronique Africultures

Ei i ya pour Dany

Tout bouge autour de Dany Laferrière, depuis hier.

L’écrivain japonais en pyjama, dont l’une des ambitions premières a toujours été d’être une bonne nouvelle pour son pays Ayiti, est entré à l’Académie Française.

Mais qui est Dany Laferrière ?

Un « animal tropical » résidant à Montréal.

Et un auteur génial.

Haïtien, québécois, citoyen du monde habitant sa propre langue, Dany Laferrière a passé Les années 80 dans sa vieille Ford et sur sa Remington 22, écrivant comme il vit. Comme il dit. Comme il lit.

Depuis « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » , l’enfant de Petit-Goâve poursuit sa dérive douce.

Vers l’éternité.

De Laferrière j’aime l’homme au regard enjoué et à la plume rieuse, le sens de la formule, et les titres, aussi savoureux les uns que les autres : « Le goût des jeunes filles » , « Cette grenade dans la main du jeune noir est-elle une arme ou un fruit ? », « L’énigme du retour » , « Eroshima », « Le charme des après-midi sans fin », « Le cri des oiseaux fous », « Vers le sud », « L’art presque perdu de ne rien faire », « Pays sans chapeau », « Je suis fatigué », « L’odeur du café » …

Immortel, il peut avoir sourire aux rêves.

Et nous aussi.

Tout bouge autour de nous.

En ces temps de crispation identitaires, des portes closes s’ouvrent.

Au divers. A la relation. Au monde.

Et c’est plutôt bon signe.

Ei i ya pour Dany !!!

 

Marc Alexandre Oho Bambe

Chronique sur Africultures

Rallumer Les Lumières

Répandre les ténèbres, voilà le projet des « assassins d’aube », extrémistes de tous bords.

Et ils sont légion, essaim d’hommes sans âmes, égarés et armés, sentinelles de la pensée, milices de la terreur qui (se) nourrissent (de) la haine.

La haine de l’Autre qui vit, rit, prie, jouit.

Différemment.

Ils sont légion, essaim d’hommes sans âmes qui sèment le chaos, la destruction et la mort sur leur passage.

Ils sont légion, sans honneur.

Et leur projet, est de répandre les ténèbres.

Alors il est temps pour nous, il est temps peut-être, de rallumer les lumières.

Au nord

Au sud

A l’ouest

A l’est

D’Eden.

Car nous sommes nombreux nous aussi, à dire non.

A la peur de l’Autre.

L’Autre qui ne vit pas, ne rit pas, ne prie pas, ne jouit pas comme nous.

 

Nous sommes nombreux nous aussi, à dire non.

Non à l’obscurantisme, et à la propagande de ceux quinous tuent, nous défont de notre humanité au nom d’un dieu ou de l’idée qu’ils s’en font, ceux qui nous haine, nous mécréants, athées, agnostiques, animistes, religieux pratiquant ou non, tous infidèles autant que nous sommes au fond.

En droit d’être, humains.

 

Il est temps, peut-être, de rallumer les lumières.

Et les étoiles, dans les yeux des enfants.

Rallumer les lumières, et les étoiles, voilà notre projet, échafaudé debout, dans le sang gisant au sol, le bruit des balles qui sifflent, des bombes qui soufflent, des machettes qui tranchent, des haches qui décapitent.

Rallumer les lumières, et les étoiles, malgré le bruit, et la fureur.

 

A 15 ans je me disais que la terre se porterait bien mieux sans prophètes, que le monde tournerait plus rond s’il consentait à croire enfin, en ses poètes.

Je rêvais alors, de voir les peuples se convertir, massivement.

 

A la poésie.

 

Et je nous imaginais, armés du chant des partisans de la beauté, allant ensemble à la lutte, commettre des attentats poétiques sourire aux lèvres.

 

J’avais 15 ans, et j’apprenais à vivre selon les vers de Rilke, Holderlin, Césaire, Eluard et Neruda qui m’enseignaient.

L’essence de l’amour, le sens de l’existence, l’école de la pensée libre.

De la poésie.

 

J’avais 15 ans, je rêvais, j’imaginais, j’apprenais, me questionnais.

 

J’avais 15 ans.

 

Depuis j’ai grandi, un peu. Je suis moins naïf.

 

Mais je rêve, j’imagine, j’apprends, et me questionne toujours.

 

Comment interpeller l’avenir ?

En semant l’espérance. En s’aimant ici et là, partout où danse intense la vie.

 

Mais ce que je dis n’engage que moi.

Et d’autres aussi, qui refusent d’abdiquer et céder une once d’intelligence collective, résistant comme ils peuvent, à la bêtise, la barbarie, la violence, l’horreur, (in)humaines.

Alors on se bat, pour ne bas basculer.

Ne pas basculer, surtout ne pas basculer, dans le cynisme, le défaitisme, la vulgarité.

Ou alors accepter de tomber, car il n’y a rien de plus humain.

 

Tomber, puis chevaucher sa chute pour avancer à nouveau, tomber pour mieux se relever et faire face.

Se relever et faire face.

A la bêtise, la barbarie, la violence, l’horreur, (in)humaines.

 

Ce que je dis n’engage que moi, ou pas.

 

Car ce que je dis vous engage peut-être, vous aussi, assis confortablement ou non, dans vos vies.

 

Nous sommes nombreux, à vouloir rallumer les lumières. Et les étoiles.

 

Dans nos yeux.

 

Marc Alexandre Oho Bambe

 

 

Serre-moi la main

Fais-moi la paix

Dessine-moi un matin de lumière

Et mille soleils de cire qui tournoient

En spirales infernales

De tendresse infinie

Derviches

Soyons

Révolutionnaires

D’amour

Pour le meilleur

Et pour le dire

Le rire

Des enfants

Le rire des enfants

Le rire et le dire

Armes miraculeuses

Contre la tentation du pire

Marc Alexandre Oho Bambe

Chronique sur Africultures

R.O.M

EGALITE: question vaste, qui devrait être un pilier de la République, enfin de toute République à la hauteur de l’idéal derrière le mot.

La discrimination est une violation du principe d’égalité.

DISCRIMINATION: fléau qui touche toutes les sociétés plurielles, qui n’arrivent pas s’expliquer les raisons de leur diversité.

Tant qu’il y aura des hommes…

Tant qu’il y aura des hommes, des femmes, et surtout des enfants à qui sont interdits ou refusés le droit de rêver, s’inventer une destinée, bâtir simplement un projet de vie, il faudra trouver la force de dénoncer, s’insurger, condamner l’idée même de discriminer, condamner TOUTES les discriminations.

Tant qu’il y aura des hommes…

Il faudra résister.

RESISTER:- être enclin au désordre,
– se battre CONTRE sa propre faiblesse devant l’ordre des choses établies, et l’ombre du début de tout sentiment d’indifférence au monde,
– se battre POUR réussir, malgré tout, à ne jamais perdre le goût des autres..

Depuis toujours je cherche une terre d’asile de fous, fous d’art, fous gueux aux coeurs fougueux et bienveillants, déviants vaillants, défiant la MORT par Amor de LA VIE.

Je suis un R.O.M, et mon exil prendra fin au commencement de la fin de ce livre-ailé, texte ivre dédié à mon peuple migrateur épris de liberté.

LIBERTE: – principe désuet, piétiné par les hommes qui ont dévoré les utopies,
– art abstrait, ou réalité concrète vécue par les ménestrels, les troubadours et les poètes chantant,
– idéal de vie, combat de tous les instants mené depuis la nuit des temps par des hommes intègres contre d’autres (les ogres de la première ligne), ayant tous les pouvoirs, tous sauf celui de désintégrer les rêves et tuer l’espoir…
– soleil ardent vers lequel marchent les peuples

PEUPLE: toi, moi, lui, il, elle, eux, vous, nous, ils, enfin tous ceux et celles qui croient
-à la douceur d’un long et tendre baiser qui pourrait durer trois jours,
-à la possibilité d’une île fraternelle, région du monde où les les ego se prosterneraient devant la beauté, où les différences se tairaient, pour laisser entendre les rires des enfants, les rires des enfants, les rires des enfants, les rires des enfants…

ENFANTS: – êtres-anges à l’innocence fragile
– habitants du royaume de tous les possibles
– ils vous grandissent, vous élèvent, et vous font entrevoir l’éternité
– je tu il elle nous vous eux ils, tous et toutes des fils et des filles de,
– prunelles des yeux d’une mère, une femme, essence de vie…

Je suis un R.O.M, allez leur dire, allons leur dire, que la terre est notre village, allez leur dire, allons leur dire, que nous sommes des gens simples, que nous aimons, nous rêvons, nous voulons des choses simples, du pain pour nos gosses et des roses, pour nos femmes. Du pain, oui du pain. Et des roses.

Rêver, c’est déjà être libre me murmure tous les soirs un jeune prophète vieux en son pays.
Alors allez leur dire, allons leur dire, que nous sommes des R.O.M, nègres juifs palestiniens arméniens indiens d’Amérique, damnés de la terre d’hier, d’aujourd’hui et demain, petits roumains montrés du doigt, désignés coupables de maux, tous plus grands que nous.

La vie étant le plus incertain et le plus beau d’entre tous les voyages, allez leur dire, allons leur dire que nous sommes tous des gens du voyage, allez leur dire, allons leur dire que leurs chiens peuvent toujours aboyer, nos caravanes passeront car nous avons pour nous, le feu, la force, la folie des grandes heures. De l’humanité déchue.

JE SUIS UN R.O.M, ALLEZ LEUR DIRE…

Résistant d’Outre-Mer, j’offre ces mots, à qui veut les entendre, veut les comprendre, j’offre ces mots. En partage.

Marc Alexandre OHO BAMBE

Dédié à Frantz FANON, né martiniquais, mort algérien, et qui ne cherchait « rien d’autre en l’homme, que l’homme ».

Allons leur dire…

 

MAOB

Chronique sur Africultures